Wiehnoochde freijer / Noël autrefois

Gescht...

Nochstehend sen 5 Wiehnoochdst-G'schechte ze lase, de vor ewer 20 Johr bi 4 Engwöhner vum Dorf, de schon etliche Johre g'storwe sen, ufgenomme wore sen.

Antoine JUNG ("Bantzeseppels-Antoine", 1906-2002) : Wiehnoochde 1910 enger de Petrol-Làmp

De Antoine JUNG verzehlt, dàss 1910 de Tànneböm met Bredle gezehrt wore esch, un d'Stub esch met'ere Petrol-Làmp beleucht gewan. Als G'schankle het's Aepfel, Nusse un a Orange ge'en; später esch a Dàffel Schokolàà dezü komme.
Em Antoine JUNG sini Mueter het àls vun de Wiehnoochde en de Johre 1880 verzehlt. Am Wiehnoochts-Deuij het's, wie d'öndere Daij, Grumbeere, Melich un Brot ge'en. D'Fàmelie het 8 Keng g'het, un do devun hon mànchi enger'm Dàch muen schlofe. Em Winter esch mànch Mol Schnee uf'm Bett gelaje un àm Morje esch... de Hofe g'frore
gewan !

Antoine GLATH ("de Glathe Doni", 1923-2003) : Wiehnoochde 1942 em Ditschlönd, 1943 em Elsàss, 1944 en Pole

De Antoine GLATH het 1942 d'Wiehnoochde àls Zwàngseng-Gezeuijener en Würzburg g'fiert. Ar het derte a Feschtel organisert un a "Bierzeitung" rogelase, wie d'r d'Owrigkeit zwesche de Zille durich de Kakao zicht. Ar wurd nit eng'sperrt, dann as esch a so scheen präsentert gewan, un bekommt a Woch meh Ürleuib ! 1943 fiert 'r Wiehnoochde d'heem, wie siner Kàmerod: der het'm a Keuijel en de Fuess g'schosse, un ar het em a Keujel en de Orm g'schosse ! So hon beidi "Genesungsurlaub" bekomme ! Wiehnoochte 1944 fiert'r met de polnische Pàrtisàne un as gebt Bredle, Wodka un Spack.

Philippe KAUFFMANN ("De Schalle-Lepp", 1924-2013) : "1943: mine scheenschde Wiehnoochde !"

De Philippe KAUFFMANN het sini schneenschde Wiehnoochde 1943 g'fiert. D'zeter em Janer het sini Fàmelie ken Nochrechte g'het vu'm. Un àm Wiehnoochts-Owe klopft's àn de Deer: de Lepp esch's gewan ! Wiehnoochte 1944 het'r en Marseille g'fiert. Em Novamber esch'r en Hechstett vun de Amerikàner g'fànge wore. En de Judeschülle vun Bruemth esch'r verheert wore; sie hon nix welle wesse un hon'e uf Marseille beordnet !

Michel KNIPPER ("de Gàsse Mechel", 1913-2005) : Wiehnoochde 1944 em a Vehwagon !

De "Gasse-Mechel" het Wiehnoochte 1944 em a Vehwagon verbrocht, uf'em Waj vun Minsk zueTambov. Sie hon njix ze asse un danke numme àn eens: weder heem komme. En Tambov seht 'r a Poor vun sine Geyderther Kàm'rode starwe. Ar het meh Gleck un kommt gleckli weder hem...àm 27. Oktower 1945. Zeter 18 Monet, het'r Geyderthe nemmi g'sahn g'het. Un ar konn andli 's Hamd üsduen, wie d'r zeter 13 Monet nemmi gewachselt het.

 

Hier...

Voici quatre histoires de Noël, recueillies il y a une bonne vingtaine d'années auprès de quatre habitants du village, tous décédés. À comparer avec les noëls des temps modernes !

Antoine JUNG : Noël 1910 autour de la lampe à pétrole

Antoine JUNG (Bantzeseppels-Antoine, 1906-2002) est né dans une famille de trois enfants, rue Sainte Maison. Il se souvient d'un Noël de sa petite enfance, au début des années 1910. "Noël était fêté autour du sapin décoré de bredle. La chambre était éclairée par une lampe à pétrole. Le Hanstrapp, agitant une grosse chaîne, m'a tiré de dessous du lit où je m'étais réfugié. J'étais mort de peur. Comme cadeaux, il y avait des pommes, des noix et une orange. Plus tard, s'ajouta une tablette de chocolat noir. Le jour de Noël étaient servis du kugelhopf et des tartes aux quetsches séchées. Le cochon était tué un peu avant Noël. Des boudins et des côtelettes amélioraient l'ordinaire fait de pommes de terres sautées et de lait caillé."
Noël en 1880 : Antoine se souvenait aussi des Noël que sa mère, Salomé FURST, avait vécus dans sa maison natale, rue de la Rivière, dans les années 1880. Le jour de Noël étaient servis, comme les autres jours, des pommes de terre, du lait et du pain. La famille était composée de huit sœurs et frères dont certains couchaient sous les tuiles. Certains hivers, le vent du nord fouettait la neige jusque sur le lit. Et au réveil, la poudreuse avait envahi tout le grenier et le pot... était gelé !

Antoine GLATH : Noël allemand en 1942, alsacien en 1943 et polonais en 1944

Antoine GLATH (de Glathe Doni, 1923-2003), est né dans une famille de quatre enfants, rue Sainte Maison. Le 1er octobre 1942, il est incorporé de force dans l'armée allemande, dans le 173e régiment d'infanterie, à Würzburg où il croise deux copains de Geudertheim, Georges WOLFF et Michel HARNISCH qui n'est pas revenu du front russe. En novembre, le Hauptfeldwebel SPIESS veut que ses soldats organisent une fête de Noël. Antoine GLATH ne peut se dérober, par peur des représailles, lorsque ses camarades le désignent comme étant le plus qualifié pour préparer l'événement. Musique, chant et jeux de cartes sont au programme et Antoine déclame une Bierzeitung, sorte de poème sur la vie du régiment dans lequel, à mots déguisés, certains supérieurs "en prennent pour leur grade". S'attendant à une grosse engueulade à la fin du spectacle, le Hauptfeldwebel lui signifie, au contraire, que le parterre d'officiers présents a apprécié. Et il lui remit des bons pour du schnaps, du vin et des bredle qui lui permirent de faire la fête avec ses copains. Et il eut droit à deux semaines de permission (au lieu d'une) en janvier.
Sur le front russe : En juin 1943, Antoine part pour le front russe. Son unité est engagé sur le Dniepr, en Pologne. Pour éviter de se retrouver en première ligne, il échafaude un plan très risqué avec un copain: ils décident de revenir blessés, après une patrouille, le 17 octobre. "Mon copain m'a tiré un coup de pistolet dans le pied et je lui ai tiré une balle dans le bras. Le stratagème n'éveille pas de soupçon et nous eûmes droit à une permission (Genesungsurlaub), le 3 décembre. J'ai donc pu fêter Noël en famille. Un Noël très simple, autour du sapin. Sur la table : du vin tiré du fût, du schnaps, du vin chaud et des bredle."
En mars 1944, Antoine se retrouve au front, en Prusse orientale. "Ayant appris le débarquement des Alliés en Normandie, le 6 juin, j'ai décidé de déserter, en compagnie d'un Polonais incorporé de force comme moi". Noël 1944 sera donc polonais avec des bredle, de la vodka et du lard frais salé cuit. 

Philippe KAUFFMANN : Noël 1943 : "le plus beau de ma vie" (Voir aussi "Ils l'ont vécu !/Anciens 39-45")

Philippe KAUFFMANN (De Schalle-Lepp, 1924-2013) est né rue du Moulin, dans une famille de quatre enfants. Le 16 janvier 1943, il est incorporé de force et participe à plusieurs campagnes. Dans la région de Varsovie, après une tentative de désertion, il évite de peu le peloton d'exécution et s'en tire avec six semaines de prison, suivies de six semaines au front, en première ligne. "Un lieutenant fanatique nous intime l'ordre d'attaquer les Cosaques retranchés dans la forêt. Ce fut l'enfer sous un déluge de feu, le redoutable Trommelfeuer. Cela ressemble à la fin du monde. On n'entend plus rien, on ne sent plus rien. D'Walt esch awag". Une blessure au pouce, plus spectaculaire que grave, lui sauve la vie. Il fut évacué vers l'arrière, alors que ses camarades tombent presque tous. À Geudertheim, on s'apprêtait à fêter Noël. Un Noël de la peur, de l'incertitude, de la tristesse. Le sort de beaucoup de jeunes du village, enrôlés dans l'armée allemande sur le front russe où la Wehrmacht subissait des pertes terribles, était incertain. La famille KAUFFMANN était sans nouvelles de Philippe, parti depuis janvier et vers lequel toutes les pensées étaient tournées. On s'apprêtait à allumer les bougies du sapin, lorsqu'on frappe à la porte: c'était Philippe qui avait pu bénéficier d'une permission ! "C'était le plus beau Noël de ma vie !"
Noël marseillais : Le Noël 1944 fut... marseillais. À l'automne, Philippe se retrouve en Hollande où il est engagé contre les Anglais. Puis son unité prend la direction de Haguenau. Philippe faisait partie d'une Radfahrtsektion, chargée de surveiller le secteur de Pfaffenhoffen. Le 23 novembre, alors que les Américains sont proches, Philippe patrouille, à vélo, à Morschwiller avec un camarade de Colmar. "À la hâte, nous avons jeté les vélos et nos uniformes allemands dans une fosse à purin". Et pendant huit jours ils se cachent chez Joseph WENDLING, un Geudertheimois marié au village. Croyant tout danger écarté, Philippe veut rentrer à Geudertheim, distant d'une quinzaine de km. Mal lui en prit. A Hoechstett, il se fait arrêter par un soldat américain, un immense noir qui croit avoir affaire à un espion. Philippe est conduit au quartier général américain, établi à la synagogue de Brumath. "J'ai expliqué que j'étais incorporé de force, que j'avais déserté et que j'habitais à 3 km de là. Ils n'ont rien voulu entendre et j'ai été expédié à Marseille, comme d'autres incorporés de force. La déception était immense, après une si longue absence de la maison, me faire cueillir comme cela !".

Michel KNIPPER : Noël 1944 dans un wagon à bestiaux

Michel KNIPPER (de Gàsse Mechel, 1913-2005) est né rue du Général de Gaulle (em Ewerang). Le 21 avril 1944, il est incorporé de force, comme Grenadier à Schwerin. Les archives Wast de Berlin perdent sa trace en septembre et mentionnent "disparu à Varsovie". Le 1er septembre, il se trouve en effet à Varsovie en compagnie de Charles STOLL. La ville est bombardée et Michel souffre d'une fracture de la clavicule. "Le 12 septembre, de jeunes partisans polonais, de 16-17 ans, nous font prisonniers. Ils sont corrects. Les partisanes étaient beaucoup plus fanatiques. Heureusement tout se passe bien et nous sommes acheminés à Lukow, puis à Minsk. Le 24 décembre, nous sommes parqués à 60 dans des wagons à bestiaux, en gare de Minsk. Destination inconnue. Nous n'avons rien à manger et n'avons pas le cœur à fêter Noël. Les pensées sont uniquement accaparées par la survie. S'en sortir, revenir au pays. Le 31 décembre, nous arrivons à Moscou. Sept camarades sont décédés en cours de route. Le 4 janvier, après une marche dans la forêt, nous arrivons à Tambov. De loin, à la porte d'une baraque, j'aperçois Georges ROSER (rue Hornwerck), mon futur beau-frère. Mais nous ne pouvons nous parler. Il fait très froid (entre -20 et -25 °C)." La volonté de s'en sortir l'obsède et la chance sera de son côté, car Michel verra mourir des copains de Geudertheim à Tambov. Alors que la guerre était finie depuis le 8 mai, Michel n'est libéré que le 11 septembre. Le 21 octobre, il arrive enfin à Strasbourg. La Croix Rouge l'achemine au Wacken. Il pèse moins de 50 kg et n'a donc pas le droit de rentrer, avant de recevoir des soins sur place. "J'ai demandé à l'infirmier de marquer 51 kg sur la fiche. Et j'ai enfin pu rentrer. C'était le 27 octobre. Je n'avais plus revu Geudertheim depuis 18 mois. Et j'ai enfin pu enlever la chemise que je portais depuis plus d'un an, exactement depuis le 12 septembre, lorsque je fus fait prisonnier".

 

... un hit

Freijer esch m'r met weni zefrede gewan. Wiehnoochde esch àm 24. un 25. Dezamber g'fiert wore, un nit vorhare, wie hitzedeui's. Schon vor Allerheiliche erschient de Wiehnoochdsmànn en de Reklamm !

... et aujourd'hui

Autrefois, on avait l'habitude de se contenter de peu. Noël était fêté les 24 et 25 décembre, pas avant. De nos jours, le père Noël apparaît déjà dans la publicité avant la Toussaint !

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