Au bon vieux temps du "Konsüm"

 

Ce texte est une reprise de l’article paru dans le n° 20 du bulletin municipal (à l’époque annuel) de décembre 2006.

Il y avait autrefois à Geudertheim quantité de petits commerces, épiceries, merceries et dépôts de boissons, sans compter les restaurants, boulangeries et boucheries. Jeanne HAMM, mieux connue comme "d’Coopé-Jeanne" ou "d’Holzschuehbocher’s-Jeanne" (qui rappelle le métier familial de sabotier), et Joseph HARNISCH, surnommé "de Coopé-Sepp", ont amicalement accepté de raconter leurs souvenirs de gérant d’un magasin Coopé. Passons-leur la parole…


D’Coopé-Jeanne

 

Le premier "Konsüm" (Coopé) ouvrit à Geudertheim le 5 mai 1932, rue du Général de Gaulle ("Em Nederang", à côté du restaurant "À l’Arbre Vert"). Il était tenu par Lina RITTER, qui dut renoncer pour cause de maladie trois ans après. Le 15 mai 1935, le magasin fut transféré à l’autre bout de la rue du Général de Gaulle ("Em Ewerang"), dans l’imposante bâtisse qui abritait, à la fin du XIXe siècle, le premier restaurant "Au Cygne". Les anneaux servant à attacher les chevaux sont encore en place sur le mur extérieur. Salomé VOLTZENLOGEL, la mère de Jeanne, en fut la gérante jusqu’en juillet 1945. Le magasin était ouvert dès 6 h et jusqu’à 20 h et même 21 h. Parfois, on faisait encore quelques achats sur le chemin de la Streckstub. Jeanne a tenu le commerce du 1er août 1945 jusqu’à la fermeture le 15 mars 1971. De 1945 à 1948, des cartes de rationnement, en raison de la pénurie, étaient en vigueur pour les denrées alimentaires. À cette époque les étiquettes étaient collées avec de la farine mouillée. Le premier article à nouveau en vente libre fut la banane. Au début, il n’y avait que quatre sortes de fromage, deux de munster, de la "Vache qui rit" et du "Gerber". Beaucoup d’articles étaient vendus au poids ou au litre, tels du pétrole (pour les lampes) et de la soude, qu’il fallait transvaser et qui faisait éternuer à rougir le nez. Il n’y avait pas encore de réfrigérateur et l’on employait de la glace pilée pour conserver la saucisse. Les meilleurs mois étaient octobre, où se vendait par quintaux entiers le sucre servant à faire le vin et beaucoup de harengs salés, ainsi que décembre et les semaines précédant Pâques. Jeanne se rappelle avoir formé pas moins de 22 apprentis. Le jour où nous l’avons interviewée, elle s’apprêtait à faire ses courses : "Em Konsüm" (à la Coop), bien sûr !

  Merci Jeanne…

 

De Coopé-Sepp

 

De l’autre côté du village, rue de la Montée ("d’Eselsgass"), un autre magasin Coop a ouvert ses portes au printemps 1956. Il était tenu par Suzanne HARNISCH, la première épouse de Joseph, décédée en couches huit mois plus tard. La vitrine de l’ancien magasin est encore visible de nos jours. En 1971, les deux magasins furent fermés et un nouveau "Konsüm" s’installa dans l’ancienne boulangerie VOLTZENLUGEL. Joseph HARNISCH, aussi appelé "de Bastian’s Sepp" ou "de Coopé-Sepp", aidé par Marthe, sa seconde épouse, raconte quelques souvenirs de ses 33 ans passés dans les deux magasins. Au début, les journées étaient longues de 55 à 60 heures/semaine. Avant l’ouverture du magasin, il fallait recevoir les différents livreurs (laiterie centrale, boulangerie RITLENG, charcuterie "HÜLLE" qui livrait surtout des "Knewliwerscht", etc.) et ensacher sel, sucre, petits pois, haricots, son et céréales (pour les éleveurs de lapins, chèvres et autres volailles). Le "Maggi" aussi était vendu au détail. Il se vendait beaucoup de bière. À la belle saison, maints paysans s’arrêtaient, avant d’aller aux champs ou sur le chemin du retour, pour boire une nouvelle bouteille de bière, vite fait, dans la rue. De préférence une "centenaire bien glacée" ("A Centenaire vum Is"), payée sur le champ, parfois à l’insu de la maîtresse de maison, ou le lendemain ("Ech kumm Morje durich"). Les achats étaient réglés avec de l’argent comptant, avant l’ère des chèques. Les fournisseurs et salariés étaient payés de même avec de l’argent sorti directement de la caisse. Dans le premier Coop étaient vendus beaucoup d’articles de mercerie, fil à coudre, boutons, de la laine, des draps, etc. Joseph se rappelle l’époque de la caisse manuelle, celle des colis de Noël, constitués mois après mois avec l’achat de timbres. Et de la ristourne ("s’Coopé-Gald") payée aux clients en juillet/août, après envoi des tickets de caisse à la caisse centrale de la Coop. Joseph est, lui aussi, resté un fidèle client du Coopé actuel. On le voit se rendre à pied ou à vélo "en de Konsüm". En agile septuagénaire, passionné de jardinage et adepte de la vie saine, au grand air. L’ancien footballeur du FCG, capitaine et redoutable droitier, tient toujours la forme.

Merci Sepp…

 

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